Balade artistique à Venise : l’âge d’or de la Renaissance

Embarquez sur une gondole et voguez le long des canaux à la découverte de la Renaissance vénitienne…

Ah, Venise ! Au bord de la lagune, sous les façades des palais, se forme à la Renaissance un environnement artistique unique en son genre. Aux 15e et 16e siècles en particulier, les artistes de la région se font connaître pour leur talent et grâce au soutien de riches mécènes.


Vue de Venise au 16e siècle

Installés à leur chevalet, les peintres développent un genre nouveau. Ils représentent des paysages ou "vues" de Venise en perspective et popularisent le style de la veduta… Un peu comme de jolies cartes postales que les voyageurs rapportent chez eux.

Au fil des commandes, ils illustrent aussi des scènes bibliques, comme les Noces de Cana, récit du premier miracle de Jésus. La peinture vénitienne devient notamment célèbre pour l’usage de la peinture à l’huile, grâce à laquelle les artistes produisent des tableaux aux couleurs chatoyantes.

 

Paul Véronèse, Les noces de Cana, huile sur toile, 1562-1563, 666 cm × 990 cm, Musée du Louvre

Mais ce n’est pas tout. La qualité des œuvres vénitiennes se remarque aussi dans les autoportraits et les portraits raffinés de nobles gens, dont l’identité est plus ou moins connue... Lorenzo Lotto, qui a le sens du détail, cache des indices dans son portrait de Lucina Brembati. À l’inverse, Titien parvient à représenter un illustre personnage sans l’avoir jamais rencontré !

Tiziano Vecellio dit Titien, Portrait de François Ier, 1539, huile sur toile, 109 x 89 cm, Musée du Louvre, Paris // Lorenzo Lotto, Portrait de Lucina Brembati, vers 1521-1523, huile sur toile, 53 x 45 cm, Académie Carrara, Bergame

Ces prodiges de la Renaissance jouent un rôle essentiel pour le rayonnement de la Sérénissime (un surnom qui souligne le prestige associé à la ville). Certains, comme Véronèse, sont même prêts à défendre la république de Venise des puissances conquérantes. Mais ils servent aussi le pouvoir de façon plus directe. Verrocchio, par exemple, réalise une sculpture équestre pour représenter un homme puissant dans l’espace public.

Verrocchio, La Statue du Colleone, 1488

S’ils se mettent au service de leurs dirigeants et de certains nobles, ces artistes talentueux n’en sont pas moins des personnages au fort caractère. Lorsqu'il s'agit de démontrer leur talent et de se départager des commandes prestigieuses, ils n’hésitent pas à se montrer compétitifs ! À tel point que certains, comme Tintoret, s’affranchissent parfois des règles pour assurer leur renommée…

Vue intérieure du Salone Maggiore de la Scuola Grande de San Rocco, 2016, Venise. Photo : Sailko

Bien que cet environnement donne lieu à de fortes rivalités entre les artistes, voire à des moqueries, plus ou moins appréciées, il stimule surtout une création de haut niveau.

Et ce talent ne manque pas de faire des envieux à l’étranger ! Plusieurs souverains font appel aux maîtres vénitiens, dans l’Empire germanique comme en France, où l’on envie tout particulièrement leur savoir-faire pour la fabrication de miroirs.

 

Château de Versailles, Galerie des Glaces, Wikimedia Commons, CC BY-SA 3.0


Ainsi, ce culte de la beauté qui caractérise bien la Renaissance vénitienne n’a pas qu’une valeur esthétique. Il s’inscrit tout autant dans une quête de pouvoir et d’influence. Une chose est sûre, ces artistes ont marqué leur époque et laissé un héritage précieux qui fait encore rayonner Venise des siècles plus tard…

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