La République de Venise est en péril ! Au 16e siècle, son indépendance est menacée par une autre grande puissance, l’empire espagnol. Alors gouvernée par la dynastie des Habsbourg, l’Espagne a des vues sur la riche cité vénitienne… qui ne compte pas se laisser faire !

Véronèse est un célèbre peintre vénitien actif à la même époque. Pour marquer son attachement à sa ville, il utilise comme prétexte un sujet biblique bien connu.

L’histoire ? La courageuse Judith décide de sauver sa ville, assiégée par les troupes du général Holopherne. Ce dernier, ébloui par sa beauté, organise pour elle un banquet. Enivré par le vin et les charmes de la belle, Holopherne demande à rester seul avec elle… C’est alors que Judith s’empare d’un sabre et le décapite !

Véronèse représente ici l’instant qui suit la décapitation : Judith s’apprête à mettre la tête sanguinolente dans le sac que lui tend sa servante. On lit sur le visage de l’héroïne sa détermination mêlée de dégoût. Dans le contexte politique de l’époque, l’allusion est claire. Mais pour rendre cette signification encore plus évidente, Véronèse a glissé quelques indices…

À gauche du lit, on aperçoit les armes d’Holopherne. Véronèse s’est appliqué à reproduire l’armure typique portée par les soldats espagnols. De même, regardez l’étendard qui flotte à l’arrière plan, à droite : on peut y voir l’aigle à deux têtes, symbole de la famille Habsbourg.

Pas de doute, Judith, c’est la République de Venise, qui vient à bout de l’ennemi Holopherne assimilé à l’Espagne ! Véronèse nous invite donc à voir dans son œuvre une allégorie de la résistance vénitienne. Une belle intervention pour défendre sa ville adorée.