En 1455, à la mort de Bartolomeo Colleoni, condottiere (chef des mercenaires) de la République de Venise, son testament est révélé. Or son exécution va s’avérer très problématique...
Le Colleone prévoit de léguer son immense fortune à la ville à condition qu’elle érige une statue équestre à son effigie, place Saint-Marc. Impensable pour le Sénat vénitien : on ne peut placer au cœur de la cité une statue exaltant le pouvoir personnel ! La statue se trouvera donc sur une autre grande place : piazza Santi Giovanni e Paolo.

Le sculpteur et peintre Verrochio est choisi pour réaliser cette colossale statue en bronze, véritable tour de force d’équilibre (le cheval repose uniquement sur trois jambes). En 1488, après cinq années de travail acharné, au moment où il est sur le point de fondre le bronze, on annonce à Verrochio que c’est en fait un autre sculpteur qui va réaliser le cavalier.

Furieux, il brise la tête du moule de son cheval et quitte Venise. La République menace Verrocchio d’avoir la tête tranchée si jamais il revient dans la ville. Mais il en faut plus pour décontenancer l’artiste. Il rétorque que personne d’autre que lui ne sera capable de rattacher la tête brisée du cheval et propose de la remplacer par une autre, beaucoup plus belle.

Sa proposition le sauve : il est rappelé et voit même son salaire doublé pour finir la statue ! Mais ironie du sort, ce n'est finalement pas lui qui l'achève puisqu'il meurt peu après son retour à Venise. Le Colleone sera donc venu à bout de Verrochio... et la statue sera signée par un autre sculpteur : Alessandro Leopardi. Ce n'est qu'avec le temps que Verrochio sera finalement reconnu comme le véritable auteur.