"La plus belle chose que j’ai vue…" : la beauté selon ceux qui ne voient pas

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En dialoguant avec des personnes aveugles de naissance, Sophie Calle explore une question universelle : qu’est-ce que la beauté ? Leurs récits, mis en scène dans une installation mêlant portraits, textes et images, révèlent une perception intime et singulière du monde.

Comment des aveugles de naissance perçoivent-ils la beauté ? C’est ce que se demande l’artiste Sophie Calle en 1986. À l’époque, elle cherche à comprendre ce qu’est la beauté, en allant au-delà de sa propre perception. C’est pourquoi elle décide de faire appel à des personnes qui la ressentent d’une manière toute particulière…

Quelle image des aveugles peuvent-ils avoir de la beauté, alors qu’ils ne l’ont jamais vue ? Un peu intimidée par ce projet, l’artiste hésite longtemps avant de se lancer. Finalement, elle questionne un aveugle, rencontré au hasard dans la rue. La réponse, poétique et imprévisible, la libère de ses angoisses : "La plus belle chose que j'ai vue, c'est la mer, la mer à perte de vue".

Sophie Calle, Les Aveugles. La Mer à perte de vue., un texte encadré, une photographie N/B encadrée, une photographie couleur encadrée, une tablette, dimensions variables © ADAGP, Paris, 2025

Par la suite, Sophie Calle interroge 17 autres personnes non-voyantes. "Le vert, c'est beau. Parce que chaque fois que j'aime quelque chose, on me dit que c'est vert. L’herbe est verte, les arbres, les feuilles, la nature...", lui explique notamment un enfant. Ces réflexions intimes bouleversent l’artiste.

Elle décide d’en faire une œuvre d’art. D’un côté, elle affiche la réponse à sa question dans un cadre et de l’autre, elle présente un portrait en noir et blanc de la personne interrogée. Enfin, elle ajoute une touche personnelle : une photographie en couleur d’une image faisant écho au texte.

Sophie Calle, Les Aveugles. Chez moi., 1986, texte encadré, photographie N/B encadrée, photographies couleur encadrées, tablette © ADAGP, Paris 2025. Photo : Galerie Perrotin

Avec cette installation, Sophie Calle montre l’importance de la vue pour percevoir le monde qui nous entoure... mais prouve aussi que la beauté n’est pas qu’une affaire de regard. C’est avant tout une sensation très personnelle. Et à chacun la sienne !

Cliquez ici pour découvrir le travail d'une autre photographe qui magnifique le langage des signes (Jennifer Lescouët, Noir et Blanc et Découvrir, 2020, photographies issues de la série Les mots du silence © Jennifer Lescouët)

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