Comment des aveugles de naissance perçoivent-ils la beauté ? C’est ce que se demande l’artiste Sophie Calle en 1986. À l’époque, elle cherche à comprendre ce qu’est la beauté, en allant au-delà de sa propre perception. C’est pourquoi elle décide de faire appel à des personnes qui la ressentent d’une manière toute particulière…
Quelle image des aveugles peuvent-ils avoir de la beauté, alors qu’ils ne l’ont jamais vue ? Un peu intimidée par ce projet, l’artiste hésite longtemps avant de se lancer. Finalement, elle questionne un aveugle, rencontré au hasard dans la rue. La réponse, poétique et imprévisible, la libère de ses angoisses : "La plus belle chose que j'ai vue, c'est la mer, la mer à perte de vue".

Par la suite, Sophie Calle interroge 17 autres personnes non-voyantes. "Le vert, c'est beau. Parce que chaque fois que j'aime quelque chose, on me dit que c'est vert. L’herbe est verte, les arbres, les feuilles, la nature...", lui explique notamment un enfant. Ces réflexions intimes bouleversent l’artiste.
Elle décide d’en faire une œuvre d’art. D’un côté, elle affiche la réponse à sa question dans un cadre et de l’autre, elle présente un portrait en noir et blanc de la personne interrogée. Enfin, elle ajoute une touche personnelle : une photographie en couleur d’une image faisant écho au texte.

Avec cette installation, Sophie Calle montre l’importance de la vue pour percevoir le monde qui nous entoure... mais prouve aussi que la beauté n’est pas qu’une affaire de regard. C’est avant tout une sensation très personnelle. Et à chacun la sienne !


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