En 1539, le peintre italien Titien reçoit une prestigieuse commande. Il s’agit d’un portrait représentant un des hommes les plus puissants d’Europe, le roi François Ier. Mais il y a un tout petit problème : Titien habite à Venise et n’a jamais vu le roi ! Comment faire pour montrer toute la majesté de cet homme qu’il ne connaît pas ? Par chance, Titien n’est pas le seul à avoir fait un portrait de François Ier. Deux ans plus tôt, un sculpteur italien a gravé les traits du roi sur une médaille.

Comme c’est un petit objet, facile à transporter, Titien peut la consulter à Venise. La médaille lui sert alors de modèle. Sauf que sur celle-ci, il n’y a pas beaucoup de détails, et le roi est représenté de profil, non de face. Cela ne donne pas un aperçu très complet du visage du monarque… Malgré tout, Titien arrive à tirer parti de ces contraintes.

Il positionne le corps du roi de trois-quarts, dans un costume très ample, sans couronne ni bijoux. Et pour l’attitude générale ? Il se fie à la réputation du roi, que l'on dit bon et majestueux. Il cherche donc à mettre en valeur son visage comme sa personnalité, et non sa richesse.

Pour y arriver, Titien transforme la position statique du profil en un mouvement dynamique de la tête sur le côté, ce qui lui donne un air volontaire et déterminé. Le petit sourire bienveillant correspond aussi au caractère du roi. D’après une simple médaille, Titien parvient ainsi à traduire la personnalité de François Ier sans jamais l’avoir vu !