Dans Le Choix entre la Vertu et le Vice, un jeune prince s’élance dans une course folle. Le danger le guette. Pourra-t-il y échapper ?

Une jeune femme le suit. La somptuosité de ses vêtements annonce une femme de haut rang. Mais sa robe est défaite et laisse paraître des épaules sensuelles. Plutôt que gente dame, serait-elle courtisane ? Le jeu de cartes dans sa main gauche semble le confirmer.
Plus inquiétant encore est le sphinx qui sort de sa robe. Symbole de mort, il révèle sa vraie nature : incarnation du mal. Au centre du tableau, on aperçoit alors ses griffes acérées et la jambe du héros qu’elle vient de lacérer.

L’effigie du temple a averti le prince : "L’honneur et la vertu fleurissent après la mort." Plutôt que le chemin du vice, c’est en arpentant celui de la vertu qu’il atteindra la victoire.
C’est pourquoi il s’élance vers cette autre femme qui porte sur son visage un air de bonté. Couronnée de lauriers, elle saisit le héros d’une main ferme pour l’attirer sous son aile. Sauvé in extremis, le héros a eu chaud !

Lorsqu’il peint ce tableau en 1580, Véronèse réactualise en fait un mythe bien connu du public. Sous ses airs contemporains, le tableau permettrait à chacun de s’identifier à Hercule, le célèbre héros confronté à ce choix. Mais on murmure que l’artiste alla encore plus loin.

L’Hercule de Véronèse porterait en effet les traits de Rodolphe II, le commanditaire du tableau et Saint Empereur Romain Germanique ! En exposant l’œuvre dans son palais, l’Empereur aurait ainsi pu se vanter d’être, comme Hercule, un exemple de moralité.