Vice ou vertu ? Une commande royale pour Véronèse

Pour répondre à une prestigieuse demande, le célèbre artiste vénitien peint un chef-d'œuvre... et nous montre la voie à suivre !

Dans Le Choix entre la Vertu et le Vice, un jeune prince s’élance dans une course folle. Le danger le guette. Pourra-t-il y échapper ?

Véronèse, Le Choix entre la Vertu et le Vice, 1580, 219 x 170 cm, Frick Collection, New York

Une jeune femme le suit. La somptuosité de ses vêtements annonce une femme de haut rang. Mais... sa robe est défaite et laisse paraître des épaules sensuelles. Plutôt que gente dame, serait-elle courtisane ? Le jeu de cartes dans sa main gauche semble le confirmer.

Plus inquiétant encore est le sphinx qui sort de sa robe. Symbole de mort, il révèle sa vraie nature : incarnation du mal. Au centre du tableau, on aperçoit alors ses griffes acérées et la jambe du héros qu’elle vient de lacérer.

Détail du tableau

L’effigie du temple a averti le prince : "L’honneur et la vertu fleurissent après la mort." Plutôt que le chemin du vice, c’est en arpentant celui de la vertu qu’il atteindra la victoire.

C’est pourquoi il s’élance vers cette autre femme qui porte sur son visage un air de bonté. Couronnée de lauriers, elle saisit le héros d’une main ferme pour l’attirer sous son aile. Sauvé in extremis, le héros a eu chaud !

Détail du tableau

Lorsqu’il peint ce tableau en 1580, Véronèse réactualise en fait un mythe bien connu du public. Sous ses airs contemporains, le tableau permettrait à chacun de s’identifier à Hercule, le célèbre héros confronté à ce choix. Mais on murmure que l’artiste va encore plus loin.

Martino Rota, Portrait de Rodolphe II, Galerie Dorotheum, Vienne

L’Hercule de Véronèse porterait en effet les traits de Rodolphe II, le Saint Empereur Romain Germanique... qui a commandé cette toile ! En exposant l’œuvre dans son palais, le souverain peut ainsi se vanter d’être, comme Hercule, un exemple de moralité.

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