A partir de 1562 et pendant plus d’un an, Paolo Véronèse peint une toile monumentale, Les noces de Cana. La commande, passée par les bénédictins du couvent San Giorgio Maggiore à Venise, est destinée à être suspendue à deux mètres cinquante du sol. Pas moins de cent trente figures sont présentes sur la toile. Pourtant, une fois l'œuvre achevée, un invité supplémentaire s'attable au banquet...

Pour ces fameuses noces durant lesquelles Jésus change l’eau en vin, une foule variée est rassemblée. Véritable point d’ancrage de la composition, le Christ, au centre, marque le tiers inférieur de l’œuvre. Sa posture correspond à la seule ligne verticale du tableau, à laquelle font écho les colonnes des temples. Peu semblent le regarder. C’est à se demander s’ils ont vu le miracle !
Au milieu de cette grande fête, un homme attablé à droite du tableau semble particulièrement indifférent à la scène...

À droite : Détail de la radiographie du tableau (détail de l’homme remplacé, réalisée par le Musée du Louvre en 1989)
Et pour cause ! Il a été rajouté par le peintre un an après l’achèvement du tableau. Tandis que l’ensemble de la toile est peinte à l’huile, lui est peint sur papier, marouflé ensuite sur la toile. La délicatesse extrême et la complexité de cette technique indiquent l’importance accordée au convive.
Il pourrait s’agir du portrait du nouveau Supérieur du couvent de Venise qui avait commandé l’œuvre. L'homme, nommé un an après la réalisation du tableau, aurait demandé à Véronèse de le rajouter, pour faire partie de la fête...