En ce pluvieux matin de mai 1665, un homme débarque à Venise. C'est un espion au service de Jean-Baptiste Colbert, le puissant ministre de Louis XIV. Sa mission ? Débaucher à coup de privilèges considérables, salaires mirobolants et exemptions d’impôts, quelques-uns des meilleurs maîtres verriers vénitiens et organiser leur fuite vers Paris.

Venise détient en effet le monopole de la fabrication des miroirs au mercure depuis le 15e siècle. Le savoir-faire nécessaire à leur complexe fabrication en fait un produit luxueux. Ils sont d'une pureté exceptionnelle ! Mais la cité des Doges garde jalousement ses secrets... La police parque sous surveillance ses miroitiers sur l'île de Murano. Avec interdiction de divulguer les formules de fabrication sous peine de mort !

La mission s’annonce difficile… Mais elle est essentielle. Louis XIV vient d’accepter les plans de son architecte Jules Hardouin-Mansart pour le tout nouveau château qu'il se fait construire à Versailles. La création d'une galerie de 73 mètres avec près de 357 miroirs est prévue : un investissement colossal !

Pour combattre la prééminence des verriers vénitiens en Europe, Colbert suggère alors au roi de créer sa propre fabrique : la Manufacture Royale des glaces (qui deviendra la Manufacture de Saint-Gobain). On y installe les experts vénitiens débauchés qui initieront les ouvriers français à leur secret.

Grâce aux miroirs d'une pureté incomparable, la lumière extérieure et les jardins entrent dans la galerie qui servira de vitrine au savoir-faire français. Elle sera copiée plus de trente fois !