Dans la famille Lalique, je demande... la fille !

Suzanne Lalique-Haviland, fille du célèbre joaillier et maître-verrier René Lalique, n'a pas été reconnue à la hauteur de ses multiples talents. Portrait d'une artiste inspirée...

4 mai 1892, Paris. La petite Suzanne voit le jour. Ses parents sont René Lalique, un joaillier à la créativité sans limite, et Augustine Alice Ledru, elle-même fille de sculpteur. C’est dire si la petite naît sous des auspices artistiques ! La suite le confirmera…

À seulement 17 ans, sans avoir suivi la moindre formation, Suzanne commence à dessiner pour son père, qui s’est entre-temps spécialisé dans la verrerie. Elle crée ainsi des modèles de flacons, boîtes à poudre cosmétique et autres bonbonnières.

Suzanne Lalique-Haviland, Poudrier motif ''Houppettes'' de Coty, début du 20e siècle, carton et papier, 3,8 x 8,8 cm, Musée d'histoire Urbaine et Sociale de Suresnes, France. Photo © Adagp, Paris, 2025

En parallèle, elle travaille avec la prestigieuse Manufacture de Sèvres comme décoratrice : ses motifs géométriques et sobres, dans l’esprit Art Déco, ornent des assiettes ou des services à thé. Son histoire d’amour avec la porcelaine ne fait que commencer…

Eh oui, quelques années plus tard, elle épouse un certain Paul Burty-Haviland, un photographe lui aussi issu d’une lignée artistique, car il fait partie de la famille des célèbres fabricants de porcelaine de Limoges, Haviland. Elle met d’ailleurs également ses talents de dessinatrice au service de l’entreprise de sa belle-famille. Mais ce n’est pas tout !

Suzanne Lalique-Haviland, Coupe Flora Bella, 1930, verre bleu moulé-pressé, 39 cm de diamètre, Musée Lalique, Wingen-sur-Moder, France // Suzanne Lalique-Haviland, Assiette à déjeuner, vers 1925, Sèvres - Manufacture et Musée nationaux. Photo © Adagp, Paris, 2025

L’infatigable Suzanne invente des motifs que l’on retrouve sur des tissus ou des panneaux décoratifs dans de luxueux trains et paquebots. Des projets sur lesquels il lui arrive de collaborer avec son père, et qui sont souvent signés "Lalique"… et donc parfois uniquement attribués à René.

Artiste accomplie, celle que l’on surnomme encore "Mademoiselle Lalique" - même après son mariage - passe finalement la plus grande partie de sa carrière à la tête des ateliers de décors et de costumes de la Comédie-Française.

Suzanne Lalique-Haviland, Maquette de costume pour Polidas dans Amphitryon de Molière, joué à la Comédie-Française en 1957. Photo © Musée des Arts Décoratifs, Adagp, Paris, 2025

Mais le hic, c’est qu’elle découvre à l’âge de 25 ans, alors qu’elle demande un certificat de naissance pour pouvoir convoler avec Paul Burty-Haviland, qu’elle n’a en réalité jamais porté le nom de Lalique. Suzanne est en effet née avant que ses parents ne se marient…

Celle qu’on connaît sous les deux grands noms artistiques de Lalique et Haviland s’est donc appelée Ledru pour l’état civil !

Autoportrait de Suzanne Lalique-Haviland, années 1920. Photo : © Adagp, Paris, 2025

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