1822. Le directeur du musée du Louvre est agacé. Lui qui se réjouissait de l'acquisition d’une œuvre renommée, il lui est impossible de l’exposer dans ses salles. Eh oui, à peine cinq jours après son achat, le tableau Psyché et l’Amour de Gérard vient d’être… emprunté par une copiste, Marie-Victoire Jaquotot !

À l'époque, on ne refuse rien à cette artiste spécialisée dans la copie sur porcelaine. En effet, cette technique est très bien considérée. On pense qu'elle apporte la solution à un gros problème : les tableaux se détériorent avec le temps et perdent leurs couleurs éclatantes.
Or, la peinture sur porcelaine est inaltérable. Grâce aux copies, on conserve donc l'aspect d’origine des œuvres pour les générations futures.

Pour les copistes comme Jaquotot, c’est un défi de taille. Impossible d'appliquer directement les couleurs sur la fragile porcelaine : l'artiste place en réalité des oxydes métalliques en poudre sur la plaque. Ce n'est qu’après la cuisson que les véritables couleurs se révèlent.
Il faut donc des connaissances scientifiques en plus d’un vrai savoir-faire pour se rapprocher du style de l'artiste d’origine… Et tout cela en miniature !
Jaquotot maîtrise justement cet art à la perfection. Elle a apporté ses lettres de noblesse à la technique. Son succès est tel que le roi de France en personne collectionne ses œuvres précieuses et lui donne le prestigieux titre de "Peintre sur porcelaine du Roi".

Avec un tel soutien, Jaquotot peut imposer ses sujets de copie… et ses prix. Elle est ainsi l’une des artistes les mieux payées de son temps. Autant dire que le directeur du Louvre ne peut rien lui dire. Pendant vingt ans, il lui prêtera des œuvres sans rechigner… ou presque !
