Prière de toucher les œuvres : The Blind fait "voir" le street art autrement

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Quand il réalise que les graffitis sont inaccessibles aux personnes non-voyantes, Jean-Charles Souliman – alias The Blind – imagine un nouveau langage artistique : des messages en braille sur les murs du monde entier. Un geste qui mêle inclusion, humour et street art.

2003. Jean-Charles Souliman est en pleine discussion avec ses amis graffeurs. Ils viennent justement de réaliser une œuvre sur un périphérique ! Mais, alors que l’un de ses camarades s’exclame que "tout le monde a dû la voir", Souliman prend conscience que ce n’est pas vrai...

Eh oui, il est impossible pour les personnes non-voyantes d'admirer les fresques de ces street artistes. Mais comment changer les choses ? Après une longue réflexion, Souliman, qui prend le nom de The Blind ("l’Aveugle"), décide de créer une nouvelle sorte de graffiti.

Jean-Charles Souliman. Photo : DR © ADAGP, Paris, 2025

Son idée est simple : il suffit d'écrire son texte en braille, le système d’écriture pour les personnes aveugles. Pour cela, il réalise un modèle en amont puis s’en sert comme d’un pochoir sur place pour tracer les marques sur le mur. Ensuite, il y colle des demi-sphères en plâtre afin qu’on puisse lire ses mots en relief. Le tour est joué !

The Blind collant des demi-sphères en plâtre. Photo : DR © ADAGP, Paris, 2025

L’astuce de The Blind, c’est qu’il faut être deux pour lire ses œuvres : une personne voyante pour savoir où se trouve le graffiti, et une non-voyante pour le comprendre. Chacun a besoin de l’autre pour décrypter l’œuvre. L’artiste souhaite ainsi sensibiliser au sujet du handicap.

Nantes, Venise, Helsinki… En une vingtaine d’années, The Blind a posé des graffitis à travers le monde, en traduisant ses phrases dans la langue du pays. Et rien n’est laissé au hasard : ses mots, pleins d’humour et de poésie, sont toujours liés au lieu. Sur un mur du Palais de Justice de Nantes, l’artiste écrit : "Pas vu, pas pris". Au Trocadéro de Paris, un site prisé des touristes, il ironise "Vu et revu" ! Grâce à ses créations, The Blind aura donc réussi son pari : ses œuvres sont bien devenues visibles pour tout le monde...

The Blind, Pas vu, pas pris. Photo : The Blind © ADAGP, Paris, 2025

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