Ils font face à l'objectif de la photographe. Leur visage et leur buste se détachent avec netteté sur le fond noir. En revanche, leurs mains sont floues ! Elles semblent se dédoubler, s’animer, dans un étrange et fascinant ballet…
Photo : © Jennifer Lescouët
Non, les modèles n'ont pas fait de faux mouvement pile-poil au moment de la prise de vue. Tout cela est bien entendu voulu ! Et c'est le titre de la série qui nous le confirme : Les mots du silence. Les personnes photographiées par Jennifer Lescouët sont en réalité en train de parler. Et toutes s’expriment en langue des signes.
Ce sujet tient particulièrement à cœur à la photographe à l’origine de cette série, Jennifer Lescouët. Elle-même est sourde, depuis un accident survenu dans son enfance. Mais ses proches, tous entendants, sont alors un peu démunis...
La jeune Jennifer se met à redouter les réunions de famille, synonymes pour elle d’ennui mortel et où elle se sent à l’écart.
Elle finit par emprunter un appareil photo à ses parents : "Je n’arrivais pas à suivre les conversations, alors je prenais des photographies." C’est le début d’une vocation ! Plus tard, elle imagine ces "portraits-signes" : chacun de ses modèles "signe" un mot devant son objectif. Mais pas question d’en faire une image figée.
Comment immortaliser un mouvement pour qu’il reste lisible sur le cliché ? Pour cela, la photographe joue avec le temps de pose et le flash de son appareil. Avec sa série, l'artiste souhaite rendre hommage aux sourds. En montrant la beauté de la langue des signes et la richesse de la culture sourde, elle espère aussi changer le regard des entendants sur sa communauté. Alors, on signe ?
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