1839. L'écrivain Prosper Mérimée fait le tour de l’île de Beauté. Mais il n'est pas en vacances, ni même en train de chercher l'inspiration pour écrire, non ! C'est en tant qu’inspecteur général des monuments historiques qu'il est ici, afin d'inventorier le patrimoine local. Mais son périple connaît un curieux rebondissement…

Dans sa quête, Mérimée cherche une sculpture en particulier : ses notes parlent d’une "statue de chevalier", sans plus d’informations. En désespoir de cause, il décide de demander un coup de main aux habitants de la région. Hélas, personne ne semble connaître cette fameuse statue. En revanche, un vieil homme lui propose de découvrir "l’idole des Maures", du nom de populations d’Afrique du Nord. Il n’en faut pas plus pour piquer la curiosité de Mérimée, qui, sans hésiter, suit le vieillard.
Celui-ci lui présente alors un objet massif, appuyé contre un tronc d’arbre. À première vue, il s’agit d’une table de granite de deux mètres de long. Mais en l’examinant de plus près, Mérimée aperçoit des yeux, une bouche, un nez… Il s’agit bien d’une figure humaine, taillée directement dans la pierre.

Aucun doute, cette statue n’est pas toute jeune. Impossible que ce soit une idole mauresque : ce menhir paraît bien plus ancien. Et même si Mérimée ne parvient pas à le dater précisément, il comprend immédiatement qu’il vient de faire une trouvaille exceptionnelle. D’ailleurs, dès l’année suivante, cette "statue-menhir d'Appricciani" est classée comme monument historique.
Cette découverte fortuite marque le début d’une longue série. Rien qu’en Corse, les archéologues trouvent au fil du temps plus de 800 statues-menhirs. On sait aujourd’hui qu’elles datent de l’âge de Bronze, soit environ 2 000 ans avant notre ère. Bref, Mérimée a bien fait de demander conseil aux gens du coin !

Je n'aime de l'Histoire que les anecdotes. Prosper Mérimée