1922. Le grand homme d’État Georges Clemenceau est désemparé. Pourtant, l’octogénaire fraîchement retraité mène une vie paisible dans sa maison de Saint-Vincent-sur-Jard. Qu’est-ce qui peut bien le désespérer à ce point ?
Son vieil ami, le peintre Claude Monet, est une vraie tête de mule. Alors que sa vue baisse de jour en jour, il refuse l’opération qui pourrait lui rendre ses yeux. Clemenceau ne sait plus quoi faire pour le convaincre. Il l’encourage, le complimente, se fâche, le traite d’enfant gâté... Rien n’y fait.
Cela fait plus de cinquante ans que les deux compères se connaissent. Clemenceau ne tarit pas d’éloges sur la peinture de Monet : "Je vous aime parce que vous êtes vous et que vous m’avez appris à comprendre la lumière."

Leur abondante correspondance est truffée de petits surnoms pleins d’humour et de tendresse : "mon vieux hérisson sinistre", "mon pauvre vieux crustacé", "mon cher bon vieux bipède"... Malgré l’affection qu’il porte à son ami, Monet continue de refuser l’opération. Il a trop peur de perdre définitivement ce qui lui reste de vision.
Clemenceau décide alors de convoquer un allié inattendu : Dieu. Il prend la plume et rédige un petit conte où Dieu s’adresse directement à Monet : "Quelle est donc ton excuse ? Je me suis dérangé du néant pour te dire que tu n’en as pas."
Finalement, Monet se laisse convaincre. Grâce à l’opération, et au soutien inconditionnel de son ami, il consacre ses dernières années à son ultime chef-d’œuvre, la série des Nymphéas.

Clemenceau écrivait : "Monet, vous mourrez en faisant de la peinture, et le diable m’emporte si, en arrivant au paradis, je ne vous retrouve pas un pinceau à la main..."