Monet, serial painter

Claude Monet est notamment connu pour ses séries : les meules, la cathédrale de Rouen, les célèbres Nymphéas... mais pourquoi peignait-il le même sujet encore et encore ?

Fin août 1890, à Giverny. Près de chez lui, dans un champ, l’artiste Claude Monet peint de grandes meules de foin. Le voilà qui s’agite soudain, hurlant des indications à sa belle-fille Blanche Hoschedé : "Une autre ! Une autre !" Mais que réclame-t-il avec tant d’insistance ?

Une nouvelle toile, tout simplement. Le peintre, chef de file du mouvement impressionniste, s’est engagé dans une entreprise ambitieuse : immortaliser toutes les variations de la lumière sur les meules.

Claude Monet, Meules, milieu du jour, 1890, huile sur toile, 65 x 100 cm, Galerie nationale d'Australie, Parks

À l’origine, Monet n’avait peint que deux tableaux, l’un par temps ensoleillé, l’autre par temps gris. Mais cela ne lui suffit pas, il lui faut aussi capturer tous les changements lumineux entre ces deux extrêmes… C’est à cette époque qu’il parfait son procédé dit "des séries", qui consiste à représenter le même sujet à différents moments.

Le peintre est complètement hypnotisé par les meules qui, selon l’ensoleillement, se métamorphosent sous ses yeux. Et parfois, cela ne dure que quelques minutes ! Monet s’escrime donc à aller aussi vite que la lumière. Autant dire que ce n’est pas une mince affaire…

Un nuage passe ? Il pose la toile en cours et en prend une autre. Le manège est sans fin pour la pauvre Blanche, qui fait des allers-retours entre le champ et l’atelier de son beau-père. Sans compter que, frustré par sa lenteur, Monet gratte la peinture et détruit de nombreuses toiles.

Claude Monet, Meules, 1891, huile sur toile, 73 x 92 cm, collection privée

Le peintre travaille sur cette série de longs mois. À l’arrivée de l’hiver, il supplie même le fermier de laisser le foin dehors pour poursuivre ses études... Cet acharnement est récompensé l’année suivante.

Lorsqu’il expose sa série des Meules, les quinze toiles s’arrachent comme des petits pains ! Ce ne sera d'ailleurs pas sa dernière série, loin de là. Après une course effrénée contre ses rayons, Monet gagne enfin sa place au soleil.

À découvrir