En 1874, de jeunes peintres décident de fonder la "Société anonyme coopérative des artistes peintres, sculpteurs, graveurs" après avoir été refusés au Salon officiel, organisé par l'Académie des Beaux-Arts. Ils ont pour noms Claude Monet, Auguste Renoir, Alfred Sisley, Camille Pissarro, Berthe Morisot et Edgar Degas.
Ils organisent leur propre exposition dans l'atelier du photographe Nadar qu'ils louent pour l'occasion. Monet y présente l'une de ses toiles, mais il est embarrassé pour trouver un titre. "Cette chose faite au Havre, de ma fenêtre. Du soleil, de la buée et au premier plan, quelques mâts de navires..."
Il ne veut plus décrire précisément la réalité. Il veut l'évoquer, donner l'impression de ce qu'il a ressenti face à son sujet. "Mettez Impression !". Quelqu'un complète : "soleil levant !". Ce sera donc Impression, soleil levant.

L’exposition regroupe 165 œuvres... mais c'est un échec retentissant auprès des critiques. On parle de "croûtes qui déclarent la guerre à la beauté".
Le journaliste et critique Louis Leroy tourne même l'œuvre de Monet en dérision en imaginant un dialogue moqueur :
"Que représente cette toile ?
- Voyez le livret. Impression soleil levant !
- Puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l'impression là-dedans...
- Et quelle liberté, quelle aisance dans la facture : le papier peint à l'état embryonnaire..."
Leroy intitule son billet "l'école des Impressionnistes". Le terme est né ! Cette moquerie signe l'acte de naissance d'un mouvement qui va bouleverser la peinture et, comme le dira Gaëtan Picon, un critique d'art un peu plus inspiré que Louis Leroy, "sera le point de départ de la modernité."