Deuxième siècle de notre ère. L'empereur Hadrien a le cœur brisé : son jeune amant, le bel Antinoüs, avec qui il vit depuis six ans, vient de se noyer dans le Nil, en Égypte. Hadrien compte bien rendre hommage à son compagnon... et en tant qu'empereur romain, il a justement des moyens illimités.

Hadrien fait les choses en grand : il décide tout d’abord de diviniser Antinoüs. C'était jusque-là un honneur réservé aux membres de la famille impériale !
Puis, sur les lieux mêmes du drame, l'empereur construit une ville à laquelle il donne le nom de son bien-aimé. Antinoé (Antinoupolis en grec) compte bien sûr un temple où l'on adore le jeune homme décédé.

Mais ce n'est pas tout : le culte va rapidement se diffuser dans tout l'Empire romain. L'image d’Antinoüs voyage donc, via des monnaies frappées à son effigie mais surtout grâce à la production de nombreuses sculptures. Ses portraits sont réalisés en masse dans les ateliers de l'Empire !
À l'époque, les sculpteurs romains s’inspirent directement de vieux modèles grecs, le bel Antinoüs semble donc calqué sur d'anciennes statues d'athlètes. Pour le reconnaître malgré tout, on lui attribue des traits caractéristiques : une chevelure épaisse, négligée, et une tête baissée, qui lui donne un air mélancolique.
Le succès du culte est énorme. Antinoüs est désormais une divinité présente partout, souvent associée à la jeunesse ou à la fertilité. Et sa silhouette parfaite devient pour des générations le canon de beauté pour les hommes.

Mieux encore : ces sculptures ont été si nombreuses dans l'Antiquité que nos musées en comptent encore une centaine ! Antinoüs n’est peut-être plus aussi célèbre, mais l'amour d'Hadrien, lui, a bien traversé le temps…
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