2001, Croix (non loin de Lille). La villa Cavrois, le chef-d’œuvre de l'architecte Robert Mallet-Stevens, vient d'être achetée par l'État ! Un long chantier débute alors...
Car depuis le décès de Madame Cavrois en 1986, le bâtiment fait grise mine. Tombée entre les mains d'un promoteur peu scrupuleux, la villa a été squattée et vandalisée, les meubles ont été dispersés. Des arbres poussent même dans l'escalier d'honneur !
Bien sûr, l'objectif est d'effectuer une restauration au plus proche de l'état d'origine, celui de 1932. À l'époque, le couple Cavrois avait donné carte blanche à Mallet-Stevens pour concevoir sa maison familiale. L'architecte avait imaginé une maison aux lignes dépouillées mais aux aménagements luxueux, avec des volumes cubiques et de larges fenêtres pour laisser entrer la lumière.
Le résultat est ultra moderne ! En témoigne d'ailleurs le choix de matériaux, dont certains sont industriels comme le métal et d'autres plus nobles, comme le marbre. Perfectionniste, Mallet-Stevens va jusqu'à dessiner lui-même les meubles, les horloges, les poignées de porte ou encore les cache-radiateurs.
Redonner son cachet d'antan à la villa n'est donc pas une mince affaire : il faut restaurer le bâti, reconstituer les décors et retrouver les meubles.
Or, pour ne rien simplifier, Mallet-Stevens a brûlé ses archives ! À partir de 2001, les chercheurs entament un travail d'enquête, s'appuyant sur des photographies d'époque et sur les fouilles archéologiques sur place. Dans les galeries et les ventes aux enchères, le mobilier est traqué et racheté. Côté parc, c'est grâce à des sondages qu'on retrouve les tracés des allées et du miroir d’eau !
En 2015, après plusieurs années d'efforts combinés des historiens et des artisans, la villa Cavrois ouvre enfin ses portes au public. Les visiteurs peuvent désormais arpenter le bâtiment qu'habitaient les Cavrois en 1932, comme si rien ne s'était passé…
À une exception près : la chambre des garçons, laissée comme un témoin de cette histoire de dégradations. De quoi nous rappeler le triste sort qu'aurait pu connaître ce chef-d’œuvre de l’architecture du 20e siècle !
