Le jour où un simple pari a posé les bases du cinéma

En décomposant le mouvement de la course d’un cheval galop, le photographe Eadweard Muybridge devient l’un des pionniers de l’image animée.

Un pari étonnant

25 000 dollars ! C'est le montant parié en 1878 par le milliardaire américain, Leland Stanford, passionné de courses de chevaux et créateur de l'université de Stanford. Après avoir observé des chevaux au galop, il affirme à son ami qu'au moins à un instant donné, aucun de leurs sabots ne touche terre.

Eadweard Muybridge, Cheval au galop, 1878, Library of Congress Prints and Photographs Division

Pour gagner son pari, il fait appel à un immigré anglais du nom de Muybridge. Celui-ci photographie un des chevaux de Stanford, Occident, à 1/12ème de seconde... et permet au milliardaire de l'emporter.

En décomposant ainsi le mouvement du galop, on s'aperçoit qu'il se compose de quatre phases, dont une phase de suspension où aucun sabot ne touche le sol.

Anatomie d'un mouvement

Eadweard Muybridge, Homme montant des escaliers, 1884-85

Pour le remercier, le milliardaire offre à Muybridge de financer une étude photographique de la locomotion.

Plus de 40.000 dollars sont consacrés à l'achat d'un matériel permettant d'enregistrer automatiquement les différentes phases du mouvement d'un cheval.

Il s'intéresse aussi à la locomotion de tigres, de singes et d'autruches, mais surtout d'humains qu'il photographie nus. Muybridge s'érige alors en précurseur du cinématographe.

Jean Louis Théodore Géricault, Course de chevaux à Epsom (le Derby), 1821, huile sur toile, 92x123 cm, Musée du Louvre

La photo n'était plus seulement un moyen de se tirer le portrait, mais la clé des mystères de l'anatomie humaine et animale. Une analyse dont les plus grands peintres n'avaient pas besoin pour nous faire ressentir le mouvement, malgré des détails anatomiques parfois fantaisistes.

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