1863. Julia Margaret Cameron fête son quarante-huitième anniversaire. Maintenant que ses six enfants ont grandi, cette Anglaise s'ennuie à mourir. Délaissée par un époux plus âgé, elle ne sait comment s'occuper. Car dans son milieu bourgeois, il n'est pas question pour les femmes de travailler !
Heureusement, sa fille lui offre un cadeau original : un appareil photographique. Celle-ci est loin de se douter des conséquences de son présent...

Dans son esprit, il ne s’agit que d’un passe-temps honorable pour une mère de famille. "Cela peut t’amuser d’essayer de photographier pendant tes heures de solitude", écrit-elle à Julia Margaret Cameron.
Mais pour cette dernière, une nouvelle passion est née ! Tant et si bien qu’elle transforme la cave à charbon en chambre noire, et le poulailler en atelier. Elle insiste même pour faire poser tous les membres de sa famille.

À l’époque, la photographie n’en est encore qu’à ses balbutiements. On pense que les clichés n’ont qu’une fonction documentaire.
Mais Julia Margaret Cameron veut plus que cela. Reproduire ce qu’elle voit ne l’intéresse pas. Au contraire, elle joue avec les ombres et avec un flou vaporeux. Cela lui permet de révéler l’intensité des regards dans ses portraits ou dans ses mises en scène.

Son travail attire tout de suite l’attention des professionnels. Deux ans plus tard, elle expose déjà au musée et commercialise ses tirages. Bientôt, de nombreux écrivains et intellectuels passent devant son objectif.
À chaque fois, elle cherche à capter la beauté et la personnalité de ses modèles, c’est-à-dire à réaliser des œuvres d’art. Ses clichés ont ainsi contribué à faire de la photographie un art à part entière !
"Beauté, tu es en état d'arrestation. J’ai un appareil photo et je n'ai pas peur de m'en servir." Julia Margaret Cameron
