Frans Hals ? Non, Judith Leyster ! Une enquête du Louvre en 1893

Et si derrière certains chefs-d’œuvre attribués à Frans Hals se cachait… une femme ? En 1893, un tableau acquis par le Louvre rend justice à Judith Leyster.

1893. Le musée du Louvre vient d’acquérir un tableau. L’œuvre, intitulée La Joyeuse compagnie, est signée Frans Hals, un peintre néerlandais majeur du 17e siècle. Les conservateurs sont ravis ! Mais à l’arrivée de la toile au Louvre, ils déchantent rapidement. En effet, la signature de Hals est... fausse.

Judith Leyster (anciennement attribué à Frans Hals), La Joyeuse compagnie, 1629, huile sur toile, 68 x 55 cm, Musée du Louvre, Paris

Elle semble avoir été rajoutée après la création du tableau. Pour en avoir le cœur net, les restaurateurs la grattent avec précaution. Surprise ! Apparaissent alors deux lettres, "JL", suivies d’une étoile. Qui est donc le véritable auteur ?

Judith Leyster, Joyeux buveur, 1629, huile sur toile, 89 x 85 cm, Rijksmuseum, Amsterdam. Détail de la signature de l'artiste : les lettres "J" et "L" sont reliées à une étoile

Les historiens de l’art lancent une grande enquête et dénichent une certaine Judith Leyster. En néerlandais, son nom de famille ressemble à "étoile polaire", d’où sa signature. Mais en cette fin de 19e siècle, on ne sait rien d’elle !

Grâce à leurs recherches, les historiens découvrent que l’artiste travaillait dans les années 1630, comme Hals. Sauf qu’à l’époque, elle n’était pas dans l’ombre de son confrère !

Judith Leyster, Autoportrait, vers 1630, huile sur toile, 75 x 65 cm, National Gallery of Art, Washington D.C., photo : Rlbberlin


À 24 ans, Leyster était à la tête d’un atelier florissant. Elle s’entourait de plusieurs assistants pour répondre à ses nombreuses commandes. Elle faisait également partie de la prestigieuse corporation des peintres de sa ville. Mais la postérité a retenu le nom de Frans Hals et le sien a été oublié.

Après la mort de Leyster, nombre de ses œuvres sont attribuées à Hals. Leur qualité est telle qu'on les pensait de la main de son célèbre confrère. Sans doute s'agissait-il aussi d'augmenter leur valeur sur le marché de l'art...

Frans Hals, Bouffon jouant du luth, vers 1623-1624, huile sur toile, 70 x 62 cm, Musée du Louvre, Paris

Heureusement, grâce à l’achat du Louvre, le travail de Judith Leyster est redécouvert. Les chercheurs ont pu partir en quête de sa signature dans les œuvres dites de Frans Hals... et lui ont ainsi rendu une vingtaine de tableaux !

 

Judith Leyster, Jeune joueur de flûte, 1630, huile sur toile, 73 x 62 cm, Nationalmuseum, Stockholm

 

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