Hannah Höch, l’artiste "dégénérée" qui a dupé le Troisième Reich

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Dans l’Allemagne nazie, l’artiste Hannah Höch échappe à la censure en rusant avec le régime. Elle poursuit en secret de créer des œuvres subversives... avec du matériel financé par le Reich lui-même !

Années 1930. Hitler mène la vie dure aux artistes modernes. Selon le dictateur, ils mettent terriblement en danger la morale. Il parle même "d’art dégénéré" ! L’artiste allemande Hannah Höch a le malheur d’appartenir à cette catégorie. Mais elle ne compte pas se laisser faire…

Theo van Doesburg, Nelly van Doesburg, Piet Mondrian et Hannah Höch, 1924, photographie, Berlinische Galerie, Berlin

Certes, Höch ne peut plus montrer au public ses premières œuvres à succès. Il s’agit de peintures et de collages plutôt subversifs : elle y interroge les standards de beauté, les questions de genre, la diversité… Bref, des sujets qui ne plaisent pas beaucoup à Hitler.

Hannah Höch, Sans titre, 1929, collage, Musée des Arts et Métiers de Hambourg © ADAGP, Paris, 2025

Dans ces conditions, Hannah Höch n’a a priori aucune chance de mener une brillante carrière en Allemagne. Heureusement, elle aime aussi peindre des paysages et des natures mortes, des sujets nettement plus acceptables pour les nazis. La preuve : elle parvient à livrer onze de ses productions au ministère de l’aviation du Reich. Un épisode qui lui sera très utile quelques années plus tard…

Hannah Höch, Blumenstillleben [Nature morte florale], 1937, gouache et aquarelle sur papier, 36 x 28 cm, collection privée © ADAGP, Paris, 2025

En effet, en pleine guerre, il est bien difficile de se procurer le matériel nécessaire pour peindre. Il faut le demander au gouvernement, qui en profite pour censurer les artistes qui s’écartent trop de l’art officiel. Pour Hannah Höch, c’est délicat : rappeler ses succès avant-gardistes pourrait lui créer des problèmes. Mais il en faut plus pour l’arrêter !

C’est pourquoi elle prétend être membre d’une association caritative, approuvée par le gouvernement. Mieux : elle rappelle que certains de ses tableaux sont passés par le ministère de l’aviation.

Hannah Höch, Sans titre, 1930, collage, Musée des Arts et Métiers de Hambourg © ADAGP, Paris, 2025

C’est gagné, elle obtient son matériel ! Cela lui permet de continuer à créer des œuvres subversives, qui auraient certainement été considérées comme "dégénérées" par Hitler.

L’ironie de l'histoire ? Si ces créations ont pu voir le jour, c’est grâce aux ressources fournies par le Troisième Reich…

Hannah Höch : Dance of Death II (Danse de la Mort II), 1943, aquarelle sur papier, 47 x 63 cm, collection privée © ADAGP, Paris, 2025 / 1945 (Das Ende) [1945 (La fin)], 1945, huile sur toile, 93 x 81 cm, Berliner Sparkasse, Berlin © ADAGP, Paris, 2025

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