John Heartfield, l’artiste qui s'opposa à Hitler avec des photos, des ciseaux et de la colle

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John Heartfield, artiste et militant communiste, s’oppose à Hitler avec… des photomontages ! Il détourne la propagande des nazis pour se moquer d'eux et dénoncer leurs mensonges. Pourchassé, il parvient heureusement à fuir en 1933 afin de poursuivre son combat en exil.

1933, Berlin. Au beau milieu de la nuit, l’artiste John Heartfield s’empresse de faire ses bagages. Il ne doit rien oublier, surtout pas ses œuvres d’art. Trop tard ! Lorsqu’il entend des bruits suspects à la porte, l’artiste décide de sauter par la fenêtre…

John Heartfield, Autoportrait, 1920, photographie. Photo © The Heartfield Community of Heirs / ADAGP, Paris, 2025

Ceux à qui il essaie d’échapper, ce sont ses ennemis jurés : les nazis. Depuis qu’ils sont arrivés au pouvoir, Heartfield - de son vrai nom Helmut Herzfeld - sait bien que ses jours sont comptés. Le régime malmène les artistes modernes et traque les opposants politiques.

Et l’artiste, militant communiste, s’est attiré leur colère à cause de ses œuvres. Il faut dire qu’il utilise ses créations pour se moquer de Hitler et de ses fidèles. Pour cela, Heartfield a une méthode imparable : le photomontage.

John Heartfield, La signification du salut hitlérien : le petit homme demande de grands cadeaux, 1932, photomontage, 36 cm x 26 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. Photo © The Heartfield Community of Heirs / ADAGP, Paris, 2025

L’artiste commence par repérer et découper les photos qui l’intéressent. Puis il les assemble, les colle, et lisse les raccords. L’œuvre ainsi terminée peut se décliner en illustration pour les magazines, en tract ou en affiche.

John Heartfield, Affichage de son œuvre La main a cinq doigts, 1928, photographie, Archives fédérales allemandes, Coblence. Photo : Deutsches Bundesarchiv

Heartfield détourne les images de la propagande nazie, mais pas seulement : il veut que ses œuvres montrent la réalité cachée derrière les grands discours. Lorsqu’il représente Hitler en train d’avaler de l’or, c’est pour mieux dénoncer le financement du parti nazi par les riches industriels. Tout comme le goût du futur dictateur pour l’argent !

John Heartfield, Adolf le surhomme avale de l'or et recrache des insanités, avant 1932, photomontage, 33 x 24 cm, J. Paul Getty Museum, Los Angeles. Photo © The Heartfield Community of Heirs / ADAGP, Paris, 2025

Autant dire que Hitler n’apprécie pas beaucoup ce provocateur. Voilà pourquoi ses sbires débarquent chez Heartfield en 1933 pour l’arrêter. Heureusement, ce dernier parvient à leur échapper. Malgré une blessure due à sa chute depuis la fenêtre, il fuit le pays à pied. Ouf, le voilà tiré d’affaire !

Pas question de renoncer à ses convictions pour autant : c’est en exil, en Tchécoslovaquie puis en Angleterre, qu’il continuera ses œuvres antinazies…

John Heartfield, N’ayez pas peur, il est végétarien !, 1936, photomontage, publié dans le Arbeiter Illustrierte Zeitung. Photo © The Heartfield Community of Heirs / ADAGP, Paris, 2025

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