1933, Berlin. Au beau milieu de la nuit, l’artiste John Heartfield s’empresse de faire ses bagages. Il ne doit rien oublier, surtout pas ses œuvres d’art. Trop tard ! Lorsqu’il entend des bruits suspects à la porte, l’artiste décide de sauter par la fenêtre…

Ceux à qui il essaie d’échapper, ce sont ses ennemis jurés : les nazis. Depuis qu’ils sont arrivés au pouvoir, Heartfield - de son vrai nom Helmut Herzfeld - sait bien que ses jours sont comptés. Le régime malmène les artistes modernes et traque les opposants politiques.
Et l’artiste, militant communiste, s’est attiré leur colère à cause de ses œuvres. Il faut dire qu’il utilise ses créations pour se moquer de Hitler et de ses fidèles. Pour cela, Heartfield a une méthode imparable : le photomontage.

L’artiste commence par repérer et découper les photos qui l’intéressent. Puis il les assemble, les colle, et lisse les raccords. L’œuvre ainsi terminée peut se décliner en illustration pour les magazines, en tract ou en affiche.

Heartfield détourne les images de la propagande nazie, mais pas seulement : il veut que ses œuvres montrent la réalité cachée derrière les grands discours. Lorsqu’il représente Hitler en train d’avaler de l’or, c’est pour mieux dénoncer le financement du parti nazi par les riches industriels. Tout comme le goût du futur dictateur pour l’argent !

Autant dire que Hitler n’apprécie pas beaucoup ce provocateur. Voilà pourquoi ses sbires débarquent chez Heartfield en 1933 pour l’arrêter. Heureusement, ce dernier parvient à leur échapper. Malgré une blessure due à sa chute depuis la fenêtre, il fuit le pays à pied. Ouf, le voilà tiré d’affaire !
Pas question de renoncer à ses convictions pour autant : c’est en exil, en Tchécoslovaquie puis en Angleterre, qu’il continuera ses œuvres antinazies…
