
1942, à la frontière franco-espagnole. Le contenu d’un colis attire l’attention des douaniers. Au point qu’ils décident d’arrêter son expéditeur, un certain Jean de Spérati. L’homme clame son innocence ! Pour déterminer s’il va ou non être inculpé, on appelle à la rescousse une poignée d’experts…
Les spécialistes en question ? Des philatélistes, des collectionneurs de timbres. Eh oui, l'un des douaniers à l’œil de lynx a reconnu de rares timbres allemands dans le paquet envoyé par Jean de Spérati. Or, ces timbres de collection ont une grande valeur. Un petit détail que l’homme n’a pas cru bon de déclarer…
Face aux accusations de fraude fiscale, il ne se démonte pas, et explique que ces timbres sont en réalité des faux ! Vraiment ? Les experts sont pourtant formels : les timbres sont des originaux. Mais Spérati n'en démord pas, il affirme qu'il a lui-même fabriqué ces faux timbres et qu'il peut le prouver. Le tribunal donne finalement raison au suspect, qui s'en tire avec une simple amende. Comment les experts ont-ils pu se tromper à ce point ? En tout cas, ils ont démasqué bien malgré eux l'un des plus grands faussaires au monde.

À droite : Timbre original Sol de Montevideo 240c brun-rouge, 1858, Uruguay
Nombreux sont ceux à s’être cassé les dents sur ces faux quasi parfaits. Spérati baigne dans le milieu du timbre depuis son plus jeune âge et maîtrise les techniques de fabrication sur le bout des doigts. Aucun détail ne lui échappe.

Se présentant comme un artiste, il inventera même le terme de "philatélie d'art" pour définir son activité. Et il n'est pas le seul à considérer ses copies comme de véritables œuvres d'art ! Les "Spérati" sont aujourd'hui très recherchés des collectionneurs. Encore faut-il pour cela démêler les vrais des faux…