L'invention ingénieuse d'un diplomate viennois
Années 1860, au large du Sri Lanka. Le diplomate et artiste viennois Ransonnet-Villez, juché sur un bateau, prépare un curieux dispositif. Il s'agit d’une grande cloche métallique, avec un petit hublot sur l'un des côtés… Un objet un peu encombrant, certes, mais qui va permettre à notre courageux diplomate de piquer une tête !

Car Ransonnet-Villez est fasciné par les fonds marins. Il a même déjà publié un ouvrage sur le sujet : pour l'illustrer, il a créé des vues de la faune et de la flore aquatiques, en partant de ses observations attentives depuis le pont de son bateau.
Mais cela ne lui suffit plus… Il décide de se plonger, littéralement, dans son sujet. Il conçoit donc une grande cloche de plongée, lestée par des poids, et reliée au bateau par un tuyau pour renouveler l'air. Cet ingénieux dispositif lui permet de garder le haut de son corps au sec, ainsi que tout son matériel à dessin, et de travailler pendant une heure ou deux.

À droite : Reconstitution de la cloche de plongée d'Eugen von Ransonnet-Villez, 2009, Musée d'histoire naturelle de Vienne, photo : grès
Des tableaux qui témoignent d'un univers alors méconnu
C'est là, tranquillement installé au fond de l'eau, qu'il réalise des croquis précis des paysages sous-marins déployés sous ses yeux. Une fois remonté à la surface, dans son atelier, il utilise ses précieux croquis pour peindre des tableaux inédits.
Jamais les fonds marins n'ont été ainsi représentés, avec autant de réalisme ! "La perception habituelle de la distance et des volumes est complètement différente. Vous réalisez rapidement que, dans les profondeurs de l'océan, vous devez non seulement apprendre à bouger, mais aussi à voir et à entendre."

S'il est le premier, Ransonnet-Villez n'est certainement pas le dernier ! Son travail a ouvert la voie à d'autres artistes sous-marins, qui remplaceront la cloche de plongée par un scaphandre. Et qui n'hésiteront pas à peindre directement à l'huile sur des toiles posées au fond de l'eau…