Ça roule ! Au Portugal, une transition énergétique à base de voitures électriques

L'île de Porto Santo teste une nouvelle stratégie pour faire face à l'intermittence énergétique de l'éolien et du solaire. Petite explication...

Hiver 2018. Sur la petite île portugaise de Porto Santo, au large du Maroc, une patrouille de police s’arrête quelques instants près d’une côte. La batterie de leur véhicule électrique est chargée à 90 %, mais le conducteur la branche quand même… Pourquoi prendre cette peine ? Et surtout, pourquoi rouler à l’électrique sur une île alimentée à 85 % par une centrale au pétrole ?

Île de Porto Santo, Portugal. Photo : Vitor Oliveira, CC BY 2.0

Justement, cette voiture peut tout changer ! Car si Porto Santo dépend tellement du pétrole, ce n’est pas par manque de vent ou de soleil. Au contraire : ensoleillée et venteuse, l’île est parfaite pour produire de l’électricité photovoltaïque et éolienne. Mais ces sources d’énergie renouvelable sont intermittentes, voilà le vrai problème.

Qu’est-ce que l’intermittence énergétique ? Contrairement à une centrale au pétrole, qui brûle son combustible en fonction de la demande, les éoliennes et panneaux solaires ne peuvent pas être régulés. Autrement dit, l’électricité verte qui n’est pas immédiatement consommée... est perdue !

Sacré problème au coucher du soleil, lorsque les habitants rentrent chez eux et allument leurs fours, chauffage, lave-linge… La demande en électricité atteint alors un pic, tandis que les panneaux photovoltaïques passent en chômage technique !

C’est là qu’intervient notre voiture électrique. Grâce à des bornes de chargement innovantes, l’électricité stockée dans sa batterie peut être réinjectée dans le réseau public pour satisfaire la demande. Voilà pourquoi les policiers branchent régulièrement leur véhicule : ils emmagasinent l’électricité renouvelable en excès pour la restituer plus tard au réseau.

Cette année-là, Porto Santo teste ainsi 22 voitures électriques. Bien sûr, pour cette île de 5 500 habitants, c’est une goutte d’eau. D’autant que la borne arrête de ponctionner l’électricité de la batterie de la voiture lorsque celle-ci descend en-dessous des 80 % de sa capacité totale.

Mais le véritable objectif, c’est de remplacer le parc automobile de l’île d’ici 2030. Avec 3 000 véhicules électriques, la capacité de stockage serait alors de 60 MWh… De quoi dire adieu au pétrole sans risquer le black-out !

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