Octobre 2012. Les chocolatiers peuvent se frotter les mains… D’après une revue scientifique très sérieuse, plus on mange du chocolat, plus on a de chances de décrocher un jour un prix Nobel.
Alors, ne culpabilisez plus en dévorant votre tablette d’une traite : le chocolat augmente vos capacités cognitives ! Un chercheur suisse l’écrit noir sur blanc. Et comme nous ne sommes plus à une interprétation approximative près, formulons la chose de manière encore plus frappante : le chocolat rend intelligent.

Franz H. Messerli a publié cette étude médicale en s’appuyant sur des chiffres rigoureusement corrects. La Suisse est ainsi le pays qui affiche la consommation de chocolat par personne la plus élevée au monde, mais aussi le nombre record de lauréats d’un Nobel pour 10 millions d’habitants. Et globalement, la concordance de ces deux facteurs se vérifie avec les autres nations. Pourtant, le raisonnement est faux. Messerli a volontairement confondu corrélation et causalité.

Si les Norvégiens mangent plus de chocolat que les Brésiliens, par exemple, c’est parce qu’ils ont un pouvoir d’achat plus élevé, et que cet aliment est coûteux. À l’inverse, les Brésiliens au revenu moyen plus faible sont moins nombreux que les Norvégiens à mener des études longues et donc… à obtenir un Nobel !

Il y a bien une corrélation entre chocolat et prix Nobel, mais l’un n’est pas la cause de l’autre. Un troisième facteur intervient : le revenu par habitant, qui est la causalité des deux autres indicateurs.
Prenons un autre exemple. En oubliant ce fameux troisième facteur, on peut affirmer que le nombre de fautes en dictée d’un élève de primaire dépend de sa pointure. Mais cette corrélation existe par l’âge des enfants, leur causalité commune.

Avec son étude bidon, Franz H. Messerli montre comment, sous l’apparence d’une démonstration scientifique, on peut produire des contre-vérités, notamment dans le domaine de l'économie. Et les écrire avec les pieds ou en mangeant du chocolat ne les rend pas plus vraies !