Février 2022, Paris. Les archéologues sont à pied d’œuvre dans la cathédrale Notre-Dame. Celle-ci est alors en pleine restauration : une dalle doit être coulée à la croisée du transept (l’espace entre la nef et le chœur) pour y installer un échafaudage. Nos scientifiques ont donc trois semaines pour fouiller avant que l’accès au sous-sol ne devienne impossible ! En si peu de temps, ils n’ont guère l’espoir de faire des découvertes...

Et pourtant, dès qu’ils commencent à creuser, surprise ! Le visage d’une sculpture apparaît, bientôt suivi de fragments de mains et de pieds. Très vite, l’installation de l’échafaudage est ajournée de... trois mois. Le temps pour les archéologues de dévoiler 1035 morceaux de sculptures, dont un impressionnant buste de 400 kilos. Certaines sont même colorées de rouge, de vert et de bleu.

Mais d’où proviennent ces fragments ? Au vu du style des sculptures, le doute n’est pas permis : il s’agit du jubé, une clôture installée dans la cathédrale en 1230 entre la nef où se tenaient les fidèles et le chœur où priaient les ecclésiastiques.

Elle était décorée d’un récit de la Passion du Christ, finement sculpté et peint. Le visage apparu est d’ailleurs celui d’un Jésus aux yeux clos.
Seulement voilà, à la fin du 17e siècle, la façon de célébrer les messes évolue. On ne veut plus de ces vieux jubés, qui sont donc détruits. Et comme il n’est pas question de faire n’importe quoi de ces vieilles pierres sacrées, elles sont enterrées dans la cathédrale en signe de respect.

Ces fouilles exceptionnelles ont donc permis de mettre au jour une œuvre d’art longtemps disparue. Il faut maintenant protéger la couleur fragile de ces blocs et reconstituer l’immense puzzle... Le travail des historiens ne fait que commencer !