Un homme traverse un parc londonien, l’appareil photo à la main. Il marche lentement en prenant quelques clichés. Nous sommes dans une scène de Blow Up, le film le plus célèbre du réalisateur Antonioni.

C’est son deuxième film en couleur, un paramètre nouveau pour ce réalisateur habitué au noir et blanc… et pour en explorer le potentiel, tous les moyens sont bons !
Pour Antonioni, le décor du film est aussi important que les acteurs. Attaché aux décors naturels, il veut en exploiter toutes les possibilités chromatiques. "Je veux peindre la pellicule comme on peint une toile", dit Antonioni. Ou encore : "Je veux inventer des relations entre les couleurs, et non me contenter de photographier les couleurs naturelles."
Et pour que certaines nuances ressortent mieux sur la pellicule, Antonioni va même jusqu’à repeindre les lieux !

L’équipe de tournage de Blow up se retrouve donc à peindre en noir les allées initialement rouges du parc, ou à colorer en bleu la façade de tout un immeuble...
Ce n’est pas la première fois que le réalisateur perfectionniste impose un tel travail à son équipe. Avec Le Désert Rouge, son tout premier film en couleur, les techniciens ont dû passer une nuit entière à peindre une rangée d’arbres en blanc. Ou encore brûler au chalumeau tout un coin d’herbe pour la rendre moins verte !
Heureusement, les récompenses sont à la hauteur du travail abattu. Blow Up recevra même la Palme d’Or du Festival de Cannes en 1967.
