Grèce, années 1920. D’une taverne à l’autre se propage une mélodie populaire intitulée Misirlou, une déclaration d’amour enflammée à une mystérieuse femme égyptienne. Avec son rythme envoûtant proche du rebétiko, un genre aux thèmes sombres et aux mélodies orientales, elle transporte immédiatement les auditeurs. Mais ce que personne n’imagine à l’époque, c’est qu’elle s’apprête à devenir un hymne du "surf rock" américain…

Sa métamorphose commence en 1962, lorsqu’un jeune musicien adepte de surf, Dick Dale, découvre le morceau. Originaire du Liban par son père, Dale est fasciné par les sonorités de ses racines orientales. Autant dire que cet air ne le laisse pas indifférent ! Il a une idée bien précise pour transformer Misirlou : en faire un morceau qui retranscrive les sensations du surf.

Sur sa guitare électrique Fender, il reprend donc le motif de notes qui fait le caractère du morceau, en accélérant le tempo pour évoquer l’énergie des vagues déferlantes. Puis, en grattant frénétiquement les cordes de haut en bas avec son médiator, il accentue le trémolo de la chanson originelle, un effet de style qui consiste à répéter très rapidement une note, comme si le son tremblait. À cela, il ajoute enfin de la réverbération pour donner l’impression d’être sous l’eau…

Les ingrédients principaux de la recette du surf rock sont tous réunis ! Avec sa reprise, Dick Dale innove en intégrant des gammes orientales dans son jeu. Mais en plus, il popularise ce genre qui émerge sur les plages de Californie.
Depuis, Misirlou n’a cessé de faire des vagues. De la plage à Hollywood, elle s’invite dans des films cultes comme Pulp Fiction ou Taxi et continue de séduire les générations. Qui aurait cru qu’une chanson née au bord de la mer Égée deviendrait la bande-son des plages ensoleillées de Malibu ?..
