Une critique qui pique
Paris, 1877. Le critique d’art Jules-Antoine Castagnary est redoutable… et redouté.
Cette fois-ci, c’est un illustrateur réputé qui en fait les frais : "Nous constaterons avec tristesse que, mauvais dessinateur et mauvais peintre, M. Gustave Doré vient d’ajouter à sa réputation celle de mauvais sculpteur." Voilà, en quelques termes assassins, comment Castagnary décrit l’œuvre de Gustave Doré. Quel coup dur !
Et pourtant, Doré est très apprécié du public… Ses dessins pour les Contes de Perrault, L’Enfer de Dante et La Sainte Bible ont été vus jusque dans les petits villages français. Il est même connu à l’étranger !

Le rêve de sculpture de Gustave Doré
C’est un touche-à-tout autodidacte et infatigable : caricaturiste, graveur, aquarelliste, illustrateur, peintre, et même alpiniste et violoniste à ses heures perdues ! Doré a plus d’une corde à son arc. Mais alors, pourquoi une critique aussi dure ?
C’est qu’en 1877, Gustave Doré décide de s’attaquer à un nouvel art : la sculpture. Son vœu le plus cher ? Être enfin reconnu comme un véritable artiste. Car, à l’époque, l’illustration est un genre considéré comme mineur. Le côté prolifique de Doré et le nombre prodigieux de ses illustrations jouent donc en sa défaveur...

Besoin de reconnaissance
Or, Doré veut les louanges des critiques d’art "sérieux" et du fameux Salon de peinture et de sculpture de Paris ! Il s’est déjà essayé à la peinture, sans succès. On lui a reproché, entre autres, des toiles trop théâtrales et "pittoresques", et une imagination débordante.
Et voilà que ses tentatives en sculpture échouent également... Castagnary n’est pas le seul à le juger durement : c’est une opinion globalement partagée par ses contemporains.
Mais c’est bien grâce à ses illustrations que Doré passe à la postérité. Aujourd’hui, son talent est plus que reconnu : des bandes dessinées au cinéma d’animation de Walt Disney, il en a inspiré plus d’un !
