Zhang Daqian, l'expert chinois de la peinture... et de l'imposture !

La recette du succès de cet artiste chinois du 20e siècle ? Une bonne dose de copie, un soupçon d’expertise agrémenté de manipulation, et le tour est joué !

Chine, début du 20e siècle. Zhang Daqian exerce non pas une, mais deux activités professionnelles : la peinture et l’expertise d’œuvres d’art chinoises anciennes. Les amateurs d’art sollicitent régulièrement ce spécialiste reconnu. Rien d'étonnant, donc, à ce qu'un riche collectionneur chinois fasse un jour appel à lui pour expertiser sa collection d'œuvres d'art. Mais celui-ci ne se doute pas que Daqian est en réalité un fin manipulateur doublé d'un faussaire...

Le peintre Zhang Daqian, vers 1960-1980

Parmi la collection, le spécialiste authentifie plusieurs peintures de Shitao, un grand maître chinois du 17e siècle. Négligemment, il glisse à leur propriétaire : "Dommage que vous ne possédiez que des petits formats de Shitao…" L’hameçon est lancé !

Quelques mois plus tard, le collectionneur y mord. Il a l’occasion d’acheter une œuvre de Shitao, cette fois de grand format et convoque Daqian pour examiner l'œuvre. C'est là que l'expert met en place la deuxième étape de son plan : il déclare qu'il s'agit d'un faux, ce qui décide le collectionneur à ne pas l’acheter.

Quelle n’est pas sa surprise quand il apprend quelque temps plus tard que Zhang Daqian vient d’acquérir la peinture ! Vert de rage, le collectionneur demande des comptes à l’expert.

Shitao, La Cascade de Mingxianquan et le mont Hutouyan, 1642-1707, encre et couleurs sur papier, 20 × 26 cm, Sumitomo Co

Daqian, qui continue de le manipuler, lui rétorque qu’il s’est tout simplement trompé et que l’œuvre est un vrai Shitao, d’une très grande valeur. Bingo, l’amateur d’art n’hésite pas une seconde et lui propose de la lui racheter. Mais Daqian continue de ruser et se montre réticent, pour faire monter les enchères. Bientôt, la deuxième phase de son stratagème est accomplie : il réussit à vendre l'œuvre très cher, en sachant pertinemment qu'elle est fausse.

Zhang Daqian, Paysage avec des projections de couleurs, 1977, encre et couleurs sur papier, 50 x 73 cm, collection privée

Et il faut dire que Daqian est bien placé pour le savoir puisque l'auteur n'est autre que... lui-même ! D'ailleurs, l’habile faussaire ne fait pas que reproduire des peintures anciennes. Au contraire, il est surtout connu pour son style bien à lui, qui a renouvelé la peinture traditionnelle chinoise. Et ses œuvres personnelles, qui valent à présent très cher, sont à leur tour… victimes de faussaires !

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