Gold gab ich für Eisen. En français : "J’ai donné de l’or pour du fer". Si vous lisez un jour cette étonnante inscription à l’intérieur d’un bracelet ou sur une bague, sachez que son ancienne propriétaire était une vraie patriote !

Revenons en 1806 pour comprendre... À la tête de sa Grande Armée, Napoléon envahit la Prusse, un royaume couvrant le nord de l’Allemagne et une bonne partie de la Pologne actuelles. L’heure est grave et les caisses sont vides.

Pour combattre l’ennemi français, la princesse Marianne de Prusse invite les femmes à faire don de leurs objets de valeur — et en particulier de leurs bijoux en or. En échange, ces généreuses donatrices reçoivent des bijoux… tout noirs !
Eh oui, ces pièces sont fabriquées en fer puis enduites d’un mélange de suie et d’huile de lin pour les protéger de la rouille. Avec tout son savoir-faire, la fonderie royale de Berlin se met à créer des bijoux couleur d’ébène d’une grande finesse, aux motifs gothiques inspirés du Moyen Âge. Certains portent la fameuse inscription, ou une variante telle que Für das Wohl des Vaterlands ("Pour le bien de la patrie").

Arborer l’une de ces bagues, broches ou tiares devient un symbole de résistance à Napoléon et une preuve de patriotisme. La mode du fer de Berlin se développe donc à toute vitesse, d’autant que ces pièces très sophistiquées, mais sans métal précieux ni gemmes, sont relativement abordables. La demande explose et des dizaines d’autres fonderies voient le jour dans la région.
Ironie de l’Histoire, si ces bijoux n'ont pas suffi à sauver la Prusse de l'envahisseur, cette tendance a rapidement traversé les frontières pour s’exporter... jusqu’en France !
